Installation, Vidéo, 14 min
Le titre est plutôt clair : En attendant Mars, c'est-à-dire, en l'occurrence, en attendant quelque chose qui n'arrivera pas. Faire semblant d'attendre. Et ce que cela pourrait bien vouloir dire. L'installation de Bertrand Dezoteux part d'un fait réel : de 2010 à 2011, six hommes, qui ne seront jamais cosmonautes, sont isolés pendant 520 jours sous un hangar russe, dans une parodie de navette spatiale à l'esthétique soviétique surannée. Ils sont filmés, on mesure l'évolution de leur psychologie, de leur immunité. Au bout de 250 jours, la mission arrive sur Mars (en réalité un bac à sable sous une tente). Seuls trois des membres de l'équipage ont le droit d'aller remplir des bouteille thermos avec du sol martien. Les autres restent dans la navette. Puis l'équipage « repart ». Pendant presque un an et demi, les six font des discours officiels pour personne, skypent avec leur famille comme s'ils étaient dans l'espace, travaillent la journée et, le soir, sont invités à faire des « loisirs créatifs ». C'est de la notion de « créatif », jamais appliquée aux artistes sous peine de les vexer, et du « loisir » comme mauvais genre, qu'est parti Bertrand Dezoteux. Lui, le champion du pli spinoziste (et du surf) en animation 3D, est allé visiter les magasins de bricolage pour reproduire Mars 500 dans un film carton-pâte habité de marionnettes évoquant aussi bien l'antique série américaine Thunderbirds que les poupées de Bellmer. Une sorte de degré supplémentaire dans le « faire semblant » : une fiction ludique sur des gars pris dans une fiction obligée. • Éric Loret, Artpress